Alors étudiant au Conservatoire de Musique, je déambulais dans les rues de Paris lorsque mon regard est attiré par une affiche colorée, placardée sur une colonne Morris. Celle d’un spectacle intitulé « Diableries amoureuses », représenté dans un théâtre dont je n’avais jamais entendu parler,
“Le Théâtre de l’Escalier d’Or”.
En me rapprochant, j’eus la surprise de découvrir qu’il était dirigé par plusieurs de mes camarades de lycée perdus de vue depuis.
Sans hésiter, je m’y précipite et assiste à un spectacle étonnant interprété par deux comédiens que je connais fort bien et une comédienne inconnue. Plein d’originalité et d’audace, il est ponctué d’une musique qui me séduit énormément.
Quelques mois plus tard, je remplace le pianiste parti en tournée.
Peu de temps après, un projet ambitieux est en cours d’écriture, « 1981 », sorte de fresque retraçant les événements de cette année si particulière, qui vit l’accession au pouvoir d’un homme de gauche. 30 comédiennes et comédiens qui dansent et qui chantent, une myriade de saynètes nécessitant la composition d’une musique originale d’1h30 environ, mêlant des styles musicaux très divers. Isabelle Guiard, co-directrice du TEO (Théâtre de l’Escalier d’Or) découverte dans « Diableries amoureuses », comme comédienne mais aussi comme compositrice, est chargée de sa réalisation. Cependant, ayant trop à faire, elle me demande si j’accepterais de collaborer avec elle à l’écriture de la musique du spectacle.
J’accepte sans hésiter.
S’ensuivent plusieurs semaines d’une créativité débordante. Nous enregistrons la musique avec de remarquables musiciens, trio à cordes – à l’Alto, la mère d’Isabelle, Marie-Thérèse Chailley, concertiste et sœur de Jacques Chailley -, formations vocales, solistes de l’Opéra, et notre propre contribution d’instrumentistes qui donne lieu à de mémorables fous rires…
Dans la semaine qui suivit la première, l’assistant d’un réalisateur cherchant un compositeur pour son court-métrage de sortie de l’IDHEC – aujourd’hui La Femis -, vient assister au spectacle.
Ce réalisateur, c’est un certain Eric Rochant, et son court-métrage s’appelait « Comme les doigts de la main ».
Cette première collaboration allait marquer le début de ma carrière de compositeur de musique pour le cinéma, le théâtre et la télévision.